Peio Uhalde crée la coopérative Alki en 1982 avec quelques amis basques pour « vivre et travailler au pays » en créant du mobilier traditionnel. L'aventure aurait pu s'arrêter net une vingtaine d'années plus tard, avec la concurrence des pays de l'Est. « J'ai alors demandé au designer Jean-Louis Iratzoki de relooker nos gammes. Il a répondu qu'il ne savait pas relooker... mais qu'il pouvait tout changer. Pour lui, c'était un beau challenge. Pour nous, en 2005, c'était vital... ».
La renaissance est timide. Les acheteurs habituels sont déstabilisés par le style, qui sera bientôt qualifié de "rural chic" par la presse spécialisée, les nouveaux clients tardent à arriver. « Il a fallu, modestement, se faire connaître, raconte Peio Uhalde. Nous nous sommes fait une place au salon parisien Maison & Objet parmi les rares marques françaises de l'espace Now, aux côtés de Ligne Roset et de Cinna. On a tout changé, notre philosophie et notre manière de communiquer aussi ».
La persévérance finit par payer. La collection de 2010 signe la percée d'Alki dans le monde du design d'intérieur. Le fabricant basque est choisi par des sièges sociaux de grandes entreprises (Quiksilver Europe, à Saint-Jean-de-Luz, Vodafone, à Madrid), des restaurants ou des espaces publics prestigieux (le Mucem, à Marseille, le château de Fontainebleau). Dopée par l'export (Europe du Nord en tête), l'activité décolle : +25% en 2011, +13% en 2012, +15% en 2013. Un exploit dans le contexte actuel.
Le dirigeant n'en perd pas pour autant le sens des priorités. Quitter les locaux vieillissants pour un nouveau site ? « Nous devons d'abord améliorer notre organisation. » Tous les modèles sont fabriqués sur place, exclusivement à partir de chêne fourni par une scierie des Deux-Sèvres. Les éléments intégrés au mobilier, comme les coques, sont commandés à moins de 80 kilomètres à la ronde, côté français ou espagnol, solidarité oblige. Membre du réseau solidaire Herrikoa, qui aide des entreprises engagées au Pays basque, Peio Uhalde a été soutenu « lors de périodes critiques » et souhaite rendre la pareille. « Si vous n'avez pas de racines, le premier vent vous emporte. Mais ce n'est pas parce qu'on a des racines qu'on n'est pas ouvert ! ».
Peio Uhalde
L'Express Pays Basque, Consommer local
Article : "Des entreprises qui s'engagent"
n°3277 / 23 avril 2014